21/09/2023
Niger: Aux Nations unies, qui du clan Bazoum ou Tiani prendra la parole ?


Qui va s’exprimer au nom du Niger à l’occasion de la 78e Assemblée générale des Nations unies ? C’est autour de cette question que se déchirent les troupes restées fidèles au président Mohamed Bazoum, séquestré par ses tombeurs depuis le 26 juillet, et le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du général Abdourahmane Tiani, nouvel homme fort de Niamey.


Révocation


Les premiers avaient prévu de faire intervenir le chef de la diplomatie du président renversé Alkache Alhada ; les seconds comptent bien voir à la tribune leur fraîchement nommé ministre des Affaires étrangères, BakaryYaou Sangaré.


Avant sa nomination par les autorités putschistes, celui-ci était le représentant du Niger aux Nations unies de Mohamed Bazoum. Un poste dont Hassoumi Massaoudou, chef de la diplomatie du président renversé, a demandé la révocation.


S’il s’agit d’un choix souverain, « en théorie accepté de facto » par les Nations unies, « la question est aujourd’hui plus complexe que d’ordinaire », souffle une source onusienne.


Contacté par Jeune Afrique, le CNSP dément toute révocation de son représentant et assure que c’est bien lui qui s’exprimera en tant que chef de la diplomatie « au nom du président Tiani, qui est le chef de l’État du Niger ».


« L’idée était probablement de jouer sur son statut de représentant permanent, qui lui assure l’accès à l’Assemblée générale. Pour les Nations unies, il se serait agi du représentant de Bazoum, mais la donne a changé depuis qu’il est devenu le ministre des Affaires étrangères de la junte nigérienne », fait valoir une source onusienne.


Preuve de la lutte d’influence qui fait rage en coulisses, une photo du secrétaire général António Guterres et Bakary Yaou Sangaré a d’ailleurs circulé sur les réseaux sociaux, semant le doute. Or, celle-ci date en réalité de mars 2023, soit quatre mois avant le putsch à Niamey.


Reconnaissance internationale


Derrière cet imbroglio, se joue la reconnaissance des autorités légitimes du Niger, à l’heure où une partie de la communauté internationale, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la France ou les États-Unis continuent de réclamer le rétablissement de Mohamed Bazoum dans ses fonctions.


Le CNSP, lui, entend s’imposer au sein des instances internationales comme étant le nouveau gouvernement légitime – bien que Mohamed Bazoum n’ait toujours pas officiellement démissionné.


Les tombeurs du président ont envoyé, à la mi-septembre, Bakary Yaou Sangaré à une réunion multilatérale, celle du G77, coalition onusienne de pays en développement.


Il s’est alors présenté en tant que chef de la diplomatie nigérienne et a transmis « les salutations du général de brigade Abdourahmane Tiani, président du CNSP et chef de l’État ».


Initialement prévue ce 21 septembre, la prise de parole du Niger a donc été repoussée. Aucune nouvelle date n’a encore été fixée, pas plus que le nom de celui qui montera à la tribune, le bureau en charge des accréditations des délégations participantes n’ayant pas donné d’indications à ce sujet.


Si la révocation de Bakary Yaou Sangaré était prise en compte par les Nations unies, le Niger pourrait être représenté par Alkache Alhada.


Mais pour l’heure, plusieurs membres de la mission permanente du Niger à l’ONU assistent à l’Assemblée générale « et sont acquis au CNSP », fait savoir une source interne. Une autre option pourrait enfin être choisie : celle de la chaise vide.

Source :Jeune Afrique